Loïc Sécher à l'heure de la réhabilitation

Justice Après un réquisitoire fustigeant les « négligences » de l'enquête, il devrait être acquitté.

«Ni victime, ni accusée. » La plaidoirie de Me Cécile de Oliveira fut brève, hier, à la cour d'assises de Paris. « J'ai l'honneur d'intervenir en tant qu'avocate d'Emilie, partie civile et menteuse qui vous demande, aujourd'hui, d'être crue », a-t-elle plaidé face aux jurés qui décideront vraisemblablement, aujourd'hui, d'acquitter Loïc Sécher. Par deux fois cette semaine, la jeune fille a en effet confirmé avoir menti, en 2010, en l'accusant de viol.
C'est donc une affaire de plus d'une décennie qui va se refermer aujourd'hui. Un temps nécessaire pour comprendre comment la parole d'Emilie lui a échappé, il y a dix ans, lançant une machine qu'« elle n'aura pas la force d'arrêter », a souligné l'avocat général François-Louis Coste, énumérant « les négligences » de l'enquête.

« Caractère historique »

Pour l'avocate d'Emilie, les professeurs ont également leur part de responsabilité, en surinterprétant le mal-être de leur élève. Autre point noir de la procédure qui a agité la matinée d'hier : les rapports psychiatriques des experts ayant examiné Emilie en 2000 et 2001. Sans un verbe au conditionnel, « ils ne paraissent pas conformes aux règles de la prudence », expliquait ainsi l'avocat général. « Vous n'avez permis à personne d'oser avoir un doute », s'est emporté Me Eric Dupond-Moretti, l'avocat de Loïc Sécher. Et les expertises de son client ont rajouté à son indignation. « Tendance pédophile », « personnalité perverse », « dangerosité », « déviance »... Les termes utilisés dans l'un des rapports sont plus que lourds contre celui qui avait évoqué une expérience homosexuelle avec un jeune homme majeur. « On n'est plus au Moyen-âge ! », s'est exclamé l'avocat de la défense, qui a souligné « le caractère historique » d'un procès qui « nous marquera à vie », d'« une affaire qui vaudrait 100 h de cours à l'école de la magistrature ». Sans grand suspense, Loïc Sécher devrait être acquitté aujourd'hui. « Pour le bien de la justice », a conclu l'avocat général.


Source : 20 Minutes