Eyjafjöll. Bien que rarement prononcé, le nom de ce volcan islandais est passé à la postérité l’année dernière de par la terreur qu’il a semé dans les aéroports. Ses cendres, qui se sont envolées jusqu’en Europe, ont bloqué au sol des milliers d’avions dans plus de trois cents aéroports pendant plusieurs jours.
Les cendres volcaniques représentent en effet un grand danger pour les aéronefs dans la mesure où elles n’ont aucune difficulté à s’immiscer dans les réacteurs. La chaleur, qui peut atteindre 1400 degrés celsius, provoque ensuite la fonte des cendres (qui a lieu à partir de 1100°C), d’où des risques d’incendie ou d’explosion des moteurs. L’immobilisation du trafic tombait donc sous le sens, même si de nombreux voyageurs ont sur le moment eu du mal à en convenir.
Lorsque le Grimsvötn est entré en éruption le mois dernier en Islande, les compagnies aériennes ont craint l’espace de quelques heures d’être une nouvelle fois clouées au sol. L’histoire ne s’est cependant pas répétée, tout du moins cette fois-ci, et ce serait presque dommage du point de vue écologique au regard de l’économie réalisée en matière d’émissions de gaz à effet de serre (GES).
Les agriculteurs islandais, eux, ont fini par remercier l’Eyjafjöll. Sur le coup, la pluie de cendres avait pourtant sérieusement menacé leurs récoltes. A certains endroits, quinze centimètres de cendres recouvraient les terres, étouffant ainsi toute végétation. Dès lors, pourquoi se réjouir un an après ? Tout simplement parce que les cendres volcaniques, fines particules de roches et de minéraux, sont d’excellents engrais naturels. Les terres des volcans sont par ailleurs très fertiles, d’où le refus de certaines populations de les quitter malgré les risques.
L’herbe, elle, a rarement été aussi verte en Islande, et malgré un printemps très froid les cendres volcaniques ont su booster les récoltes. Elles ont aussi, par voie de conséquence, permis des économies considérables en fertilisants, comme l’explique Olafur Eggertsson, un fermier islandais selon lequel « les cendres se sont révélées avoir un effet positif à long terme. Nous observons actuellement la pousse d’une herbe de grande qualité, qui reçoit seulement la moitié de la dose habituelle de fertilisant ».
Entre la réduction des émissions de GES entraînée par la paralysie aérienne et cette diminution de l’usage de fertilisants par les agriculteurs islandais, l’éruption de l’Eyjafjöll n’aura donc pas été une mauvaise nouvelle pour tout le monde. En tout cas pas pour l’environnement…
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